« Votre fils est Asperger », a-t-elle déclaré froidement. Il n'avait fallu que cinq petites secondes à ce médecin pour anéantir tous nos projets. Je me suis sentie totalement impuissante et paralysée devant cette réalité que je soupçonnais depuis des mois. La certitude d'un avenir très sombre m'a envahie alors que des questions sans cesse m'assaillaient : comment Eliott allait-il vivre à l'âge adulte ? Qu'allait-il lui arriver si je disparaissais ? Qui allait s'occuper de lui ? Serait-il indépendant ? Heureux ? Petit à petit, j'ai accepté ce diagnostic d'une violence inouïe. J'ai mis de côté mes craintes et je suis venue en aide à mon fils qui avait besoin d'une maman solide, attentive et dynamique. J'ai choisi de ne pas subir, mais d'agir. Prendre soin d'Elliott est un combat du quotidien, car rien n'est fait pour lui dans la société. Ni l'école, ni les infrastructures, et encore moins les autres qui le voient comme une bête curieuse. Au fil du temps, j'ai appris à découvrir ce fils si différent, mais qui était un véritable cadeau. Mon fils qui, à l'âge de quatre ans, savait lire et écrire sans faire une seule faute et qui, deux ans plus tard, parlait deux langues, savait compter comme une calculatrice ! Mon enfant qui, aux yeux des autres, est un excentrique avec un goût immodéré pour les vêtements moches et qui semble hautain et méprisant quand on le connaît pas. Mais ce voyage avec Elliott nous a rendus meilleurs. Son horreur de l'injustice, son absolue sincérité, sa grande ténacité. Nous sommes devenus plus tolérants, plus attentifs, plus conciliants. Plus humains, tout simplement.
